Namur : les premières fraises attendues autour du 1er mai
Avec le printemps se profile le retour des belles rouges sur les tables, dans les desserts et chez les pâtissiers. Mais, la nature étant capricieuse, la date de l’ouverture de la saison est chaque année incertaine. Cette année, les premières fraises sont attendues d’ici une dizaine de jours, autour du 1er mai.
- Publié le 18-04-2024 à 11h49
C’est un peu toujours le même scénario, réédité d’année en année: les fraises, fort dépendantes du très volatil taux d’ensoleillement belge, ont le chic de se faire désirer. Ce fruit rouge de saison par excellence, qui a son musée et son terroir d’élection à Wépion, toute une région l’attend de bouche gourmande, comme une Madeleine de Proust. C’est que reviennent avec elles tant de souvenirs de repas légers sur l’herbe, au grand air de l’été, où on les saupoudre de sucre avant de les croquer.
Alors, qu’en est-il de ce grand retour attendu? Nous avons posé la question à quelques fraisiéristes champions du circuit court.
À Beauraing, Cyril Baudoin, qui a lancé sa monoculture il y a 3 ans, et bichonne entre 10 et 12 000 plants sous tunnels, indique que la saison aura un peu de retard. Ce qui n’est pas vraiment une surprise. "Plus il y a du soleil, plus les fraises seront sucrées, et le soleil a cette année tardé à briller", souligne ce jeune fraisiculteur.
Une dernière gelée ?
À Lesve, Sébastien Noël, qui a repris le point de vente de Florent Van Coppenolle, une institution de la Véritable Fraise de Wépion (un label) depuis 4 générations, s’apprête à extraire de ses 100 000 plants des centaines de kilos de robes rouges et délicates.
Encore une dizaine de jours à attendre que celles-ci rougissent, prédit-il, et ce sera la bonne heure d’ouvrir ses deux points de vente. L’un à Lesve et l’autre à Wépion, chaussée de Dinant, dans un chalet faisant face au glacier Fleur de lait. Ce qu’il redoute, alors que les jours les plus courts ont été plus doux et humides que froids ? Comme une revanche de l’hiver, une gelée nocturne et tardive qui flétrirait les fleurs des plantes et affecterait les fruits en bonne voie d’être dégustés.
Cent mille plants, c’est beaucoup. "Nous sommes obligés de faire appel à une main-d’œuvre saisonnière et, dans une fraiseraie, de tous les postes, c’est celui-là qui se révèle le plus cher", dit-il. Sans surprise, les premières fraises locales à débarquer sur les étals des supermarchés et maraîchers seront aussi les plus chères.
Ce fraisiculteur grand format évalue le prix de ses premières barquettes à 6 €, avant de se stabiliser, au plus fort de la saison, à 5 €.
Dans les serres chauffées
Coup de sonde mercredi matin, sur le marché d’Auvelais : le ravier de 500 grammes y était justement affiché à 6 €.
On prend la température dans les serres chauffées d’un autre bien connu cultivateur de la fraise: Bernard Verstraete, de la fraiseraie de Franière (Floreffe). "Dans les serres, chauffées et irriguées explique-t-il, on va couper les premières fraises demain ou après-demain, mais pas encore de vente." Ce sera une sorte de test. "C’est vrai qu’on n’a pas eu des masses de soleil mais aussi peu de températures négatives." L’un dans l’autre, rien n’est vraiment en mesure de retarder la saison, ou de la rendre plus précaire que celle de 2023.
Mais quand commencera-t-elle à Franière ? Quand le joli comptoir sera-t-il pris d’assaut? "Tout dépend des variétés plantées. Chez nous, on commence par cueillir dans les serres chauffées (des Sensation, Elsanta et Darselect, reine des confitures), puis dans les tunnels où, à côté des Joly, on va essayer une nouvelle variété, la Perlando. Et, enfin, en pleine terre." Trois substrats différents qui allongent la période de cueillette. Les pleines terres, sous forme de plants-frigo, seront bientôt repiquées pour être récoltées en juin et juillet. Les fameuses fraises de juin, fermes et savoureuses.
Bernard Verstraete s’attend à 6 à 8 semaines intensives de récolte. Pour ses premières fraises, à découvrir d’ici une bonne semaine, il table aussi sur 6 € le ravier. À titre de comparaison, le prix moyen du ravier vendu à la criée flamande BelOrta, tournait autour des 4,20 €. Son œil avisé d’expert redoute une récolte moins abondante: "J’ai l’impression que les fraisiers sont moins chargés qu’en 2023". Verdict d’ici quelques mois.
Quoi qu’il en soit, même plus chère, tous les amateurs de cette vedette des fruits rouges seront au rendez-vous pour la célébrer comme il se doit, sur toutes leurs papilles.